La Tentation Des Avions Mono-Pilote : Sûreté ou Folie ?

Un Pari Risqué Selon l’Association Européenne des Cockpits

L’Association Européenne des Cockpits (ECA) tire la sonnette d’alarme quant à la montée en puissance de l’idée des avions mono-pilote dans l’aviation commerciale. Selon eux, cette évolution représente un pari dangereux avec un risque significatif pour la sécurité. L’idée d’introduction des opérations à équipage minimum prolongé (eMCO) réduirait le nombre de pilotes sur le pont de vol pendant la phase de croisière, l’automatisation technologique prenant alors le relais de leurs fonctions de soutien. Cependant, cette perspective n’enchante guère les pilotes et les experts en sécurité aérienne qui considèrent l’initiative comme un sacrifice de la sûreté au profit de l’économie.

La Vision d’Airbus et les Promesses de l’Automatisation

Airbus soutient ardemment le passage aux avions mono-pilote, arguant que cette transition pourrait réduire la fatigue de l’équipage, améliorer l’efficience et diminuer les coûts en personnel. En collaboration avec Dassault, Airbus mène les efforts pour le développement des avions mono-pilote, axant notamment ses recherches sur l’intégration de l’eMCO dans les A350. Parmi les technologies en développement figure l’Auto Emergency Descent (AED), destinée à prendre automatiquement les réins à la place de l’humain en cas d’urgence. Pourtant, pour les pilotes, cette initiative est davantage vue comme un stratagème motivé par la recherche du profit, lequel compromettrait les plus hauts standards de sécurité de l’aviation. Ils insistent que la présence de deux pilotes bien formés est cruciale pour la sûreté des vols commerciaux, garantissant ainsi la gestion des imprévus et des situations d’urgence de manière efficace.

Le Verdict des Régulateurs et l’Opinion Publique

Face à cette avancée technologique, l’ECA appelle les régulateurs à tempérer leurs ardeurs et à ralentir l’introduction de ces nouvelles technologies dans l’aviation commerciale. Ils évoquent l’introduction précipitée de la technologie dans le Boeing 737 MAX, un épisode tragique et révélateur des conséquences d’une telle précipitation. Des enquêtes montrent, en outre, que l’opinion publique reste partagée. En Australie, une majorité exprime un sentiment d’insécurité à l’idée de monter à bord d’un avion avec un seul pilote, tandis que les citoyens français voient dans l’automatisation actuelle des avions un facteur indispensable à la sécurité des vols.

Tout en n’étant pas fondamentalement opposés à l’automatisation, les représentants des pilotes estiment que la priorité devrait être donnée à une preuve claire et transparente que les nouvelles technologies améliorent véritablement la sécurité des vols, et non une course effrénée vers la réduction des coûts au détriment des personnes. L’essence même de l’aviation repose sur la confiance entre les passagers et les pilotes ; il est donc impératif de démontrer que chaque avancée technologique renforce cette confiance plutôt que de la miner.

Ainsi, le chemin vers une aviation plus automatisée est pavé de promesses et de périls, nécessitant une réflexion prudente et une validation rigoureuse. Si l’efficacité et les économies sont des objectifs louables, la sûreté et la confiance des passagers restent les priorités indiscutables de ce secteur vital.