Quand l’IA en musique crée conflit : l’affaire Drake contre l’héritage de Tupac

Une dissension sous influence numérique : Le nouveau diss track de Drake

Dans le paysage musical contemporain, où l’innovation technologique croise souvent le chemin des droits d’auteur et de la propriété intellectuelle, une nouvelle controverse a éclaté. Au cœur de cette tempête se trouve Aubrey Drake Graham, plus connu sous le nom de Drake, dont le dernier morceau, « Taylor Made Freestyle », a soulevé des vagues non seulement pour ses paroles tranchantes mais surtout pour la manière dont elles ont été délivrées. Ce titre, qui visait apparemment Kendrick Lamar, a également mis en scène des voix clonées par intelligence artificielle de figures emblématiques du rap, Tupac Shakur et Snoop Dogg, deux mastodontes de la côte Ouest des États-Unis.

La technologie IA, utilisée pour recréer leurs timbres si distinctifs, pose des questions éthiques profondes et soulève des préoccupations juridiques quant aux droits de publicité et au respect de l’héritage des artistes décédés. La société gérant l’héritage de Tupac n’a pas tardé à réagir, envoyant une lettre de cessation et d’abstention à Drake, affirmant une violation flagrante des droits légaux et de publicité associés à l’icône du rap disparue.

De l’hypocrisie chez Universal Music Group?

Universal Music Group (UMG), la maison de disques représentant Drake, se trouve également dans la ligne de mire. Récemment, ils ont retiré un morceau utilisant une version générée par IA de la voix de Drake, citant des problèmes similaires aux droits d’auteur et à la propriété intellectuelle. Cette action précédente jette une lumière d’hypocrisie sur la situation actuelle, où ils semblent défendre une utilisation similaire de la technologie simplement parce que les rôles sont inversés. Cela non seulement questionne la cohérence des politiques internes d’UMG mais met également en exergue les conflits potentiels d’intérêts lorsque les bénéfices entrent en jeu avec les principes éthiques.

La dualité entre l’avancement technologique et le respect des droits traditionnels des artistes crée un terrain glissant. Les lois concernant les voix clonées par IA des figures publiques sont en constante évolution. Les Etats-Unis, avec des états comme la Californie qui ont des lois strictes sur les droits de publicité, commencent seulement à naviguer dans ces eaux troubles. Par exemple, le Tennessee a récemment adopté la loi ELVIS Act, qui protège les artistes du clonage non autorisé de leur voix par IA, érigeant cette pratique en infraction pénale.

Des législations en retard sur la technologie

À l’échelle fédérale, des législations telles que le No AI FRAUD Act ont été introduites pour réglementer spécifiquement les voix clonées, mais ces mesures n’ont pas encore été activement mises en œuvre ou discutées publiquement. Ceci souligne un retard significatif dans la capacité du système législatif à suivre le rythme rapide des développements technologiques.

L’héritage de Tupac a exigé explicitement de Drake une explication détaillée sur la manière dont le son similaire a été généré par IA, poussant la conversation au-delà du simple cadre judiciaire pour toucher les aspects techniques et éthiques de la création musicale à l’ère numérique. Ce cas met en lumière non seulement les lacunes actuelles dans la législation sur les droits d’auteur adaptée à l’ère de l’IA mais aussi le manque de consensus clair sur l’éthique de l’utilisation des voix des figures iconiques du passé.

En définitive, cette affaire pourrait bien devenir un catalyseur pour un débat plus large sur la manière dont nous envisageons les droits des artistes à l’ère digitale et le respect de leur héritage après leur mort. Alors que la technologie continue de brouiller les lignes entre le réel et l’artificiel, la communauté musicale, les législateurs et les tribunaux vont devoir naviguer dans un paysage de plus en plus complexe pour trouver un équilibre entre innovation et respect des droits et désirs des artistes.